En Tunisie, on parsème de grains de grenade le mesfouf (un couscous sucré arrosé de lait qu’on déguste au petit déjeuner).
Elle accompagne aussi la bsissa, une pâte de céréales grillées, moulues, épicées et sucrées.
On fabrique traditionnellement de la confiture de grenade agrémentée de sésame grillé.
Mais le plus souvent, on la croque grain à grain, nature ou saupoudrée de sucre et arrosée d’eau de fleur d’oranger.
Appelée romman en arabe, les Tunisiens adorent “farrek la rommana” (faire éclater la grenade), au sens propre mais aussi au sens figuré : cela signifie parler franchement et dans le détail d’un problème.
La Tunisie et la grenade, c’est en fait une longue histoire.
Son nom scientifique est Punica granatum, et les Romains l’appelaient “pomme punique” – les Puniques étant les Phéniciens d’Occident, dont la capitale était Carthage.
Ce sont en effet les Phéniciens qui introduisirent la grenade en Tunisie, d’où elle gagna l’Italie.
Au 1er siècle après J.-C., l’écrivain romain Pline l’Ancien signalait déjà la culture du grenadier dans l’oasis de Gabès.
Magon, grand agronome carthaginois, a donné de précieux conseils sur la culture du grenadier dans son fameux traité.
Symbole de fertilité, la grenade serait un attribut de Tanit, la grande déesse de Carthage.
On la trouve sur certaines stèles de la Tunisie antique.
Guillemette Mansour